Les préparatifs

10 ans! nous entamons notre dixième croisière sur notre percheron des mers! À ce stade, ce n'est pas un gâteau avec bougies qu'on offre à son navire, mais bien un sérieux relooking afin d'éviter qu'il glisse dans la catégorie "vieux machin flottant"! Nous offrons à "Sorc'Henn" un polissage de la coque ainsi que des filières de pont neuves. Cela prend déjà une autre allure! Nous devons également passer par la case "sécurité à bord": révision, survie, fusées neuves, changement des extincteurs, mais aussi remplacements des vannes de w.c. qui arrivaient en fin de vie et enfin les conduits de gaz qui frôlaient la date de péremption. Rappelons que notre voilier est sous pavillon suisse et que les contraintes imposées pour renouveler le permis de navigation sont assez sévères.

Le départ

Comme d'habitude, cela ne se passera absolument pas comme prévu! On commence par un super orage avec grêlons (rare) qui aura au moins comme mérite de calmer un peu la bruyante fête foraine qui entoure le port et dont les sont bas font vibrer les coques des bateaux ainsi que... les murs de la capitainerie! Tout cela passera assez vite, mais dès le second jour de navigation, un "claque" de l'inverseur (pourtant neuf) provoque un problème de marche arrière ainsi qu'une voie d'eau consistante! Par chance, la pompe de cale fait le job ainsi que toutes les personnes qui vont nous aider à amener le bateau vers une grue d'un chantier naval pour lever le bateau, afin qu'un mécanicien (d'un chantier voisin) répare les dégâts. C'est un vrai petit miracle: 2h30 après le fameux "claque", tout est complètement réparé et  "Sorc'Henn" se balance tranquillement au côté de ses camarades!

L'année des records...

De ceux-ci, nous nous en serions bien passé! Pourtant, nous étions avertis, depuis un moment même! Nous devions avoir de plus en plus d'épisodes de canicule ainsi que de fortes pluies. Nous avons eu les deux! Juin a été marqué par des séries d'orages (dont trois d'affilée) avec même quelques grêlons en cadeau bonus. Concernant les vagues de chaleur, la première et la seconde nous ont laissés de glace, car si toute la France suffoquait, l'irréductible Bretagne faisait de la résistance nous obligeant même à donner un petit coup de chauffage au matin. La troisième, elle, a eu raison des valeureux guerriers. Même la télé en a parlé: près de 40 degrés à Brest, du jamais vu de mémoire de Finistérien! Bien que dans un port privilégié où nous n'avons pas dépassé les 32 degrés, c'était une expérience de vie assez particulière!

Boat Movie (2)

"BOAT MOVIE" est maintenant terminé. Vous le trouvez sous forme de séquences ici ou en album musical là. "BOAT MOVIE (2)" se veut une continuité de premier volet, mais avec un regard plus libre, plus spontané. Nous utilisons pour cette nouvelle mouture un peu plus le smartphone, appareil très simple à manier, qui nous dégage un peu de la lourdeur d'une caméra hybride conventionnelle. Un travail se fera également sur la partition musicale, qui sera plus contrastée et plus fouillée.

Dix ans...

Est-ce vraiment une date importante en fait, que cette dixième croisière?
Nous ne sommes pas forcément fan des anniversaires. Au souvenirs et au rappels de temps passé, je préfère de loin la réalité du présent et les projets d'avenir. Mais il faut reconnaître que nos navigations évoluent avec l'âge. Nous allons moins loin, plus longtemps. Nous avons maintenant des repères, des lieux où nous aimons retourner,
des amis que nous sommes contents de revoir. Le bateau a gagné en confort, nos physiologies lui disent merci! Un adage nous apprend qu'on ne viellit pas sur un voilier. C'est quand on arrête de naviguer, qu'on devient vieux! Ce n'est pas totalement faux, la vie en bateau exige, de tirer, de pousser, de s'accroupir, de se redresser...C'est une vraie salle de sport en condensé, mais avec vue constante sur la mer!

L'adiction

S'il y a un élément qui ne change pas, c'est bien le choc ressenti lorsqu'on sort d'un port et qu'on retrouve l'horizon lointain. Un voisin de ponton nous disait: "qu'importe où je vais même si ce n'est pas bien loin, tant que je vois la mer"! Le moment délicat pour nous, c'est lorsque le bateau a été remonté à terre, qu'il a été desarmé, et que l'on voit tous ces voiliers qui sortent du port dans des conditions idéales. C'est là qu'on se dit : "pourquoi plus nous"! Naviguer n'est pas toujours agréable, mais ne plus naviguer est bien pire. Le fait de ne plus sentir le bateau bouger en fonction des vagues et du vent sonne comme une erreur, une véritable anomalie.
Les premières nuits à terre posent problème: pourquoi le lit ne nous berce plus pour aidet à nous endormir?

Le retour à la vie sur terre

Si on est si bien en mer, pourquoi alors revenir sur la terre ferme? Chacun a ici une réponse différente. Il y a ceux qui rentrent vite et ceux qui ne reviennent pas! Sur "Sorc'Henn", la mer est notre besoin numéro deux, mais pas le numéro un. L'équipage du voilier fait partie de la communauté des artistes professionnels. Notre lien à cette corporation est trop fort pour être mis en second plan. Mais sur le bateau, on s'habille de marin, on pense marin, on parle marin. Nous nous sentons complètement intégrés à ce clan qui, pour certains, depuis dehors, semble vraiment obscur avec ses codes et son langage propre!

Le Bilan

Croisière étrange où nous avons vu et surtout ressenti ce qu'il faut bien appeler le déréglement climatique: chaleurs, orages ou sécheresse, mais toujours cet état si particulier qui rassemble les gens de mer, ces paysage beaux à pleurer, cette vibration si particulière que l'on ressent dans cette mer de courans et de marée, jonchée de cailloux plus surprenants les uns que les autres. Pour ce qui concerne le voilier, "Sorc-Henn" se porte bien pour ses dix ans de croisière avec nous. Il "fait le job", et sait rester discret en se limitant à des avaries mineures, propres à  un voilier de son âge.