Le Film
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"Sorc'Henn" prêt au départ!
Les préparatifs
Douzième année de croisière! Tout commence par un solide coup de kärcher industriel pour effacer les nombreuses traces de près de 9 mois d'hivernage à terre. À l'exception de quelques petites micros fuites à boucher par-ci par-là au niveau du pont, le voilier est en parfait état et prêt à prendre la mer. Je crains comme chaque année que le pilote automatique, âgé maintenant de 24 ans, finisse par nous lâcher, mais non, il ne demande qu'à reprendre du service!
L'état d'esprit pour cette croisière
12 ans de navigation, cela signifie que l'équipage à 12 ans d'âge en plus!
Ce calcul un peu primaire a sa signification ici. Si le plaisir reste intact, la façon d'envisager ces trois mois de navigation a évolué. Nos organismes sont bien moins friands de grosses vagues, de vents à rafales ou de distances lointaines. Mais notre passion pour cette forme de vie est bien plus forte que nos craintes. Tant que nous arriverons à monter sur le bateau et à le faire sortir du port sans danger, nous continuerons!
Et c'est parti!
Bien commencer douuuucement!
Une fois encore, comme en chaque début de saison, la première expérience fait un peu "absolute beginners"!
Heureusement, la sortie du port et le passage de l'écluse se déroulent sans accroc, mais la mise en service de la grand-voile est digne d'un stage d'initiation aux sports nautiques! Heureusement, tout rentre rapidement dans l'ordre, mais je reste fidèle au principe suivant: toujours commencer une croisière avec un temps de curé et une certaine dose d'optimisme!
La rencontre des Biloup
Bon nombre de marques de bateaux ont leur "goupe", c'est-à-dire un moyen d'échanger, par internet ou de visu, des informations propres à la spécificité de leur bateau. C'est le cas des Biloup avec son association: le BBC (Boat Biloup Club).
En plus des nombreux échanges techniques qui circulent sur les sites dédiés, il y a une "philosophie" liée au type de voilier que l'on a choisi. Le Biloup et surnommé "le percheron (ou le 4x4) des mers", cela résume tout! Le voilier est simple, rustique, facile à gérer et surtout solide et très marin. Sans dire que les équipages sont "rustiques", ce qui serait faux, il y a cette mentalité chez les "Bilouteux" d'aimer la mer et d'y aller. Ils naviguent et partent parfois très loin. Les Biloup et leurs équipages sont hors modes et défient les années. Il est actuellement difficile de trouver des Biloup d'occasion et leur cote est élevée. Comme quoi naviguer dans l'être plutôt que dans le paraître peut encore séduire!
La minette, elle, est parfaitement au point!
La réunion de Tréguier (photos Alain le Bastatd et membres du BBC)
Savoir être précis dans son cahier des charges
Poser un spi symétrique ou asymétrique? S'équiper d'une trinquette avec étai largable? Sur Sorc'Henn, la philosophie a été claire dès le début: plus c'est simple, mieux on se porte! Nous avons un voilier de croisière, pas une bête de régate. Nos deux voiles ont été taillées pour le programme suivant: doivent répondre à toutes les conditions météo! En bref, ce n'est pas la vitesse qui prévaut, mais le fait que le voilier fonctionne en chaque circonstance. Aujourd'hui, cela a un énorme avantage: avec en plus son moteur récent et poussant bien, notre navire pardonne bien des fautes et trace son chemin, même quand les éléments se déchaînent.
Une météo calme avec du beau temps n'est pas forcément désagréable!
Le destructeur d'algues prises dans l'hélice
C'est un sujet dont je donne l'information ici, mais vous pouvez lire son descriptif précis en bas de la rubrique "Le coin technique"!
J'ai en effet enfin trouvé un truc pour desalguer mon hélice, problème que l'on rencontre très souvent, ceci sans se mouiller, ni sortir le bateau de l'eau. Ce n'est certes pas très poétique comme texte, mais son application permet au bateau de mieux avancer!
Petite démonstration!
Le port de Paimpol et les marins
Pour ceux qui l'ignorent, Paimpol est un port "à écluse" situé en Nord Bretagne. Port de pêche au départ, il a dû également petit à petit s'ouvrir à la plaisance. Sa géographie et le fait qu'il soit situé en pleine ville lui donnent un caractère unique qu'on ne trouve pas vraiment ailleurs. Paimpol, c'est une petite communauté de marins dont certains vivent à l'année sur leur bateau. Ce qui est surprenant, c'est que dès qu'on quitte le trottoir pour arriver sur un ponton, on change clairement de monde. Rien n'est plus pareil, ni le langage utilisé, ni l'habillement. On passe brusquement de la tenue "parisien" (tout ce qui n'est pas Breton) en vacances à la veste de quart ou au pull qui a déjà vécu un bon nombre de marées. Les distances se comptent alors en milles et le vent en noeuds! Plus important: les classes sociales sont complètement bouleversées. Ce n'est pas parce qu'un plaisancier débarque d'une grosse unité que c'est un bon marin. Ce n'est pas parce que votre voisin est sur un petit 21 pieds (un peu moins de 7 mètres pour les terriens) qu'il est fauché dans la vie conventionnelle! Mieux, il est parfois possible que celui qui vous prendra votre amarre soit une personne d'importance, voire clairement connue sur le plancher des vaches. Mais là, c'est lui qui fera le noeud pour que votre barque ne bouge plus et qui vous dira "salut" ou "bonne soirée" avant que vous ayez compris quelque chose. Le port de Paimpol est un concentré de cet univers marin. À partir de là, on aime ou on déteste, mais pour l'équipage de Sorc'Henn, s'amarrer au port de Paimpol, c'est comme rentrer à la maison et retrouver sa famille.
Le port de Paimpol (grand bassin)
Faire des images ou l'apprentissage du regard
Sur ce coup-là, je suis un handicapé. J'ai de la peine à regarder un beau paysage ou une belle scène sans avoir besoin de le ou la capter, si possible en vidéo.
Cette saison, nous vivrons trois événements forts à Paimpol: La British Channel Regatta, le Meeting of Styles, la Fête des Vieux Gréements. Dans les trois cas, l'idée sera de s'immerger complètement dans chaque événement. On peut imaginer que le Meeting of Styles, contrairement aux deux autres manifestations, ne touche pas vraiment le monde de la mer. C'est vrai dans un certain sens, mais je retrouverai chez les graffeurs (mot un peu réducteur en vue de leurs oeuvres qui vont bien au-delà de quelques traits sur un mur) ont un sens et une précision de l'organisation et du travail en équipe qui s'approche de très près à un équipage de marins, mais en utilisant d'autres mots.
L'avantage d'arriver dans ces milieux avec un certain matériel de tournage et une idée de scénario, c'est qu'il devient plus facile d'entrer dans ces différents milieux et donc de mieux comprendre ce qu'il s'y passe. Par contre, filmer la mer est plus complexe. La mer renvoie à ses propres émotions, sa propre intimité. Certains trouvent que regarder les vagues est tout simplement ennuyeux, d'autres y voient une source perpétuelle d'émeveillement.
Rester ou partir, une décision qui appartient à chacun
Metting of Styles 2024
British Channel Regatta
Le retour à terre, un moment toujours délicat
Le bilan de la saison
Peu de Milles, beaucoup de ports, mais un bateau en pleine forme. Or les quelques micro-fuites d'eau déjà citées. Cela ne gâchera pas la qualité du séjour, très riche en rencontres. Le bateau et son équipage sont en harmonie depuis plusieurs années déjà. Cela permet une bonne sérénité.
Se pose cependant cette question que tout marin connaît un jour: jusqu'à quand pourrons-nous ou aurons-nous envie de naviguer?
Peut-être que la bonne réponse est: jusqu'à ce que le plaisir disparaisse.
Pour l'instant, concernant la petite communauté de "Sorc'Henn", la mer n'est pas qu'un plaisir, c'est un réel besoin!
Elle nous sort de notre confort terrestre pour nous présenter un autre univers et cet univers à la dimension de l'infini!