Le Film

Les préparatifs

11 ans de croisière!
Les travaux, cette année, ne sont pas très conséquents: juste un petit nettoyage de la coque et trois griffures sur le flanc gauche de celle-ci, souvenir d'une sortie peu réussie de l'écluse de Paimpol! Nous en profitons également pour remplacer nos trois batteries arrivant en fin de vie. Nous faisons poser des modèles AGM qui semblent actuellement être les systèmes les plus fiables et les plus sures, mais ça, c'est l'avenir qui le dira!

Sorc'Henn Paimpol

"Sorc'Henn" prêt au départ! 

Quand les perturbations climatiques s'invitent à la fête...

Depuis deux à trois ans, les longs flux d'Est/Nord-Est augmentent sur la Bretagne Nord. Cela provoque un assèchement des terres, car il ne pleut pas quand ce vent est présent. De plus il souffle facilement en rafales. Résultat, comme cela peut durer deux à trois semaines, ce n'est pas très pratique pour la navigation, surtout si on veut aller vers l'Est, c'est-à-dire contre le vent! Cette année la situation est pire. Une haute pression s'est installée pour plus de 5 semaines au Nord-Ouest de l'Écosse. Non seulement le vent d'Est va perturber les plans de navigation, mais cela va couper la France en deux, avec des orages et des pluies dans le Sud et quasi pas une goutte d'eau dans le Nord! Cependant,  cela va me faire découvrir quelque chose d'important  au sujet de l'écoulement du temps chez les marins...

Sorc'Henn Paimpol

L'attente sur le voilier n'est pas forcément une punition! 

L'attente chez les marins

Nous sommes encore en avant-saison. Sur le ponton visiteurs, que des marins vivant à l'année ou presque sur leur voilier. L'ambiance est détendue. Personne ne peut partir à cause du vent (mais aussi, sur deux bateaux, pour des raisons d'avaries) et personne ne s'offusque de la situation. Sur "Soc'Henn", cette attente est en définitive vue très positivement. Nous ne sommes pas en mer, mais nous sommes déjà en mer. Le temps perd complètement de son importance. Nous vivons l'instant présent et c'est bien comme ça. La montre devient un objet abstrait. Elle sera utile plus tard, quand il faudra calculer l'heure de la marée, mais pour l'instant...

Animaux à bord

Nos bestioles ont pris leurs marques. Ils sont parfaitement à l'aise et organisent leurs vies respectives. Notre chatte Maine coon, "Rhapsody", chaque matin fait une inspection attentive de la faune aérienne et marine. Puis elle se met au devoir de chasser le moindre insecte qui aurait eu l'indécence d'entre dans le carré. Elle a fort à faire, car les bestioles à vouloir s'inviter sont nombreuses, malgré ses efforts répétés. "Sherap", notre chien terrier du Tibet, monte rapidement sur le pont où il passera une bonne partie de la journée. Il salue bien sûr tout canin qui viendrait à passe, mais adore également qu'on vienne l'admirer et, si en plus, on lui fait un petit câlin, il est aux anges!

L'entraide entre gens de la mer et la machine infernale

Le voilier est particulièrement crasseux lors de notre arrivée.
Il a beaucoup soufflé cet hiver, ce qui a amené à bord un bon lot de végétations et de mousses diverses, accompagné d'une faune pour l'essentiel composée de plusieurs types d'insectes à huit pattes dont la spécialité est de tisser des filets qui terminent pour certains dans vos cheveux!

Je ne suis pas en pleine forme et sais que je ne vais pas pouvoir régler cela tout seul. Un ami marin se propose pour aider à la mise en service de mon biquille (encore un grand merci à lui). Le chantier naval (Dauphin Nautic) tient à me prêter un kärcher. C'est la que je comprends qu'ici, on ne confond pas les jouets pour bricoleur et les vrais outils. C'est un tracteur de bonne taille qui pose près du bateau une remorque avec dessus un monstre qui sert également pour la mise au propre des grosses unités de pêche ou de transport qui peuplent le port de Paimpol. Le machiniste me fait comprendre qu'il est préférable de ne pas dépasser le tiers de la puissance. Bon conseil. Déjà à ce régime, tout ce qui squattait le vaisseau sans autorisation prend immédiatement le large.

Le départ

Le temps s'est calmé. Les bateaux commencent à sortir. Nous en faisons de même.
La première navigation d'une nouvelle saison pose toujours les mêmes questions: le voilier est-il bien réglé? N'avons-nous rien oublié? Les réflexes ne sont pas encore là et les manœuvres sont encore hésitantes. Par chance pour nous, le bateau s'en sort mieux que l'équipage encore assez maladroit. Le moteur tourne comme une horloge, les voiles se hissent facilement, le pilote se met au travail dès la première sollicitation. Merci "Sorc'Henn"! Premier parcours (15 Milles, on est encore loin d'un exploit) réussi!

Les repas à bord

Un système souvent utilisé pour les bateaux qui partent sur quelques jours, c'est de passer par la case "supermarché" et d'acheter en un bloc tout  ce qui sera ingurgité pendant la croisière. C'est parfois impressionnant quand on imagine que cette montagne qui est encore sur le ponton devra trouver place à bord, mais ce n'est pas du tout notre manière de fonctionner. Nous ne boudons pas les grandes surfaces qui nous permettent de nous avitailler en papier ménage ou en bombonnes de gaz,mais pour l'essentiel du reste, ce sont les marchés et les petits commerces qui sont nos lieux de prédilection. Les temples de la consommation ont en plus un petit défaut pour le marin, ils sont en général loin des ports, même si certains assurent la livraison!

Le retour à la terre

"Sorc'Henn", Biloup89...

11 saisons de navigation avec lui, mais 12 ans déjà que nous avons fait sa connaissance. Il est vraiment notre seconde maison et parfois même, dans nos cœurs, la première! C'est le moment du retour, mais la température est encore très clémente. En fait, nous ne sommes pas trop pressés de rentrer en Suisse. La vie très simple que nous impose un petit bateau de 9 mètres nous correspond de plus en plus. L'âge peut-être?

Toi, le bateau au nom breton, tu fais partie de notre monde et tu nous amènes à découvrir ton univers: la mer qui nous procure tant de bonheur.

Ciel chargé à Saint-Quay! 

"Rhapsody" et "Sherap" 

Simple, frais, gourmand! 

En route... au moteur! 

En mer...

Parfois, une heure semble une éternité, pas de vent, tout se ralentit. C'est l’occasion de se vider la tête, de rêvasser, mais jamais de s’ennuyer. Puis, à d’autres moments, cette même heure passe si vite: le bateau est devenu exigeant, car le vent a forci et la mer s'est levée. À chaque instant, nous devons nous concentrer et être prêts à modifier l’allure, à changer de cap. À d’autres moments, la mer nous surprend: ses habitants viennent nous dire bonjour et là, nous plongeons dans une pure merveille!

En mer...