Le Film

La nourriture à bord est un sujet pris très au sérieux 

Qu'est-ce qu'on mange ? 

  

Les marins, souvent, aiment la bonne cuisine. Mais, paradoxalement, il y a peu de littérature sur le sujet. Sur « Sorc'Henn », nous avons découvert (enfin, surtout mon épouse) que l’on pouvait très bien manger en bateau à condition de suivre certaines règles, la première étant de respecter les coutumes locales et de se fournir en priorité chez les petits commerçants. Nous avons donc décidé (enfin, surtout mon épouse), de créer une rubrique dédiée appelée « le coin cuisine » où seront rassemblés, au fur et à mesure des navigations, les bonnes adresses, des recettes et différents trucs et astuces. 

Le bateau, déjà privé des ses cagnards, 

est sorti de l'eau par le chantier naval 

Ce n'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme (Renaud) 

une colonie de phoques, quelque part, là où les bateaux ne vont plus 

Batz, si cela n'est pas le paradis, ça doit certainement y ressembler 

En mer, le temps ne s'écoule pas comme à terre 

Avec sa grosse éolienne et son panneau solaire de 100 Watts, 

notre voilier a une bonne autonomie énérgetique. 

Le Croisic, un lieu qui se mérite 

Notre chatte reste Zen en toute circonstence! 

Le BBC et l'ANPLF, des gens hauts en couleur! 

Raz de Sein, le phare de la Vieille 

Le bateau est prêt à prendre la mer 

Le retour à la vie terrestre 

  

La bateau décolle de l’eau, hissé par le puissant camion-grue. Il franchit le parapet de la digue à   

environ quatre mètres de hauteur, puis va doucement se poser sur le terre-plein où il passera l’hiver. 

C’est terminé. Deux jours pour le préparer à l’hivernage, puis c’est le retour à la vie terrestre. Quatre mois en mer, ce n’est clairement plus des vacances, mais bien une tranche de vie. « Sorc'Henn » n’est pas une résidence secondaire flottante, mais bien un « chez-nous » devenu aussi important que notre logis à terre. Je sais que quand il fera froid, j’apprécierai le confort de ma maison de pierre. Mais voilà, il ne fait pas froid et je ne suis pas pressé de rentrer. Ma tête imagine déjà l’année prochaine. Avec mon épouse, nous parlons déjà de voyages. Les cartes ne sont pas encore sorties, mais c’est tout comme. 

La mer et ses marins 

  

Tout au long de notre périple, nous allons découvrir des êtres d’exceptions. Que ce soit au bord ou sur l’eau, la mer oblige à une certaine réflexion. Les gens qui naviguent ne sont pas toujours riches, n’ont pas toujours eu une vie simple, mais presque toutes les personnes que nous avons croisées avaient une réelle consistance, comme si la mer obligeait ses occupants à faire le tri des problèmes pour leur faire comprendre que, si on sait s’en tenir aux fondamentaux de l’existence, on peut avoir une vie magnifique. 

Salut, les phoques! 

  

L’endroit le plus fascinant du bout du bout de la France, c’est peut-être l’archipel de Molène. 

On ne peut pas rêver moins accueillant : Tas de rochers partout, forts courants, brouillard souvent présent, mer plus qu'agitée... Des locaux m’ont même dit qu’il ne faut pas trop se fier aux cartes et qu’il y aura toujours un caillou non recensé pour embrasser votre coque ! Donc, pénétrer ce lieu aux mille pièges n’est pas une évidence, mais quand on y arrive, alors là... Nous avons bien calculé notre coup et nous voici face à une belle colonie de phoques, après avoir été, peu de temps auparavant, entouré d’un rassemblement de Grands Dauphins. On se croit alors hors du temps, dans un autre monde. Mais la renverse arrive et il faut sortir de là avant de se faire piéger par les courants. Je mesure cependant l’importance de préserver ces lieux d’un tourisme barbare et destructeur. Ces sites de nature intacte deviennent rarissimes, il faut absolument les respecter. 

A Batz (et ailleurs), ils ont tout compris! 

  

Lorsqu’on cite les îles Bretonnes, Batz n’arrive en général pas en premier et pourtant... 

Batz est une île habitée par des agriculteurs et des pêcheurs. Du coup, le touriste est poliment accueilli, mais l’indigène ne se couche pas à ses pieds ni à celui de son portemonnaie. L’île est donc vivante, entretenue, mais sans donner l’impression d’être un nid à résidences secondaires infesté l’été par les vélos de locations. Il faut d’ailleurs reconnaître à la pointe Bretagne un sérieux effort vers la recherche d’une économie en conformité avec la nature. Cela va de la culture des algues au tourisme vraiment « vert », où le jet ski et autres engins destructeurs ne sont pas d’actualité.  

Le timing des marins, ce n'est pas le timing des terriens 

  

Un bateau, cela avance au gré de la météo. Parfois ça va vite, parfois non, parfois c’est bloqué plusieurs jours au port. Allez faire comprendre cela à un terrien qui vous demande de le réceptionner au train (ou à l’avion) de 17 h 38 pour une ballade qui le ramènera dans trois jours à 11 h 16 à son point de départ. C’est le défi que doivent relever aujourd’hui bien des skippers qui font du charter. Pour nous, le simple fait de se synchroniser à un transport terrestre pour embarquer ou débarquer quelqu’un peut bloquer le bateau plusieurs jours. Comme nous aimons bien avoir du monde à bord, c’est un problème que nous n’avons actuellement que moyennement résolu. Heureusement, nous avons des amis qui comprennent que nous ne pourrons pas forcément les débarquer à l’heure dite. Mais ce changement d’horloge a aussi ses points positifs. Certes, on oublie parfois (souvent) quel jour de la semaine nous sommes (un classique, dans les capitaineries, quand on doit inscrire sa date d’arrivée), mais le fait de vivre au rythme des marées et du vent apporte une autre notion du temps, quelque part plus souple et plus conforme à notre être biologique. 

Vous avez dit autonomie ? 

  

Nous décidons d’une escale de quatre jours dans l’arrière-port de Sauzon, à Belle-Île. 

C’est un de nos endroits préférés et effectuer ici un test d’autonomie n’est pas une corvée. 

Le panneau solaire est connecté depuis quelque jours, mais nous ne savons pas encore si, avec l’éolienne, il compense correctement notre consommation d’énergie. A l’issue de l’expérience, le voltmètre indique des batteries en pleine forme. Notre réservoir d’eau n’est pas vide et le seul problème qui pourrait surgir lors d’un temps pluvieux est un excès d’humidité en cabine. Je me réjouis donc de poser notre chauffage autonome pour régler cet inconfort. Pour le reste, le cahier des charges est atteint, notre voilier ne craint plus les mouillages. Bien sûr, tout cet équipement plus l’annexe gonflée à poste sur ses bossoirs donnent au bateau une allure qui n’a pas grand-chose à voir avec un bateau de course. C’est un choix volontaire et le confort gagné en retour n’est pas négligeable. 

Tu y vas ou tu n'y vas pas ? 

  

La difficulté, quand on ne connaît pas une région, c’est de savoir jusqu’où on peut aller en fonction du bateau et de ses propres capacités. Souvent, lorsqu’on lit un guide côtier, on a l’impression que la mer n’est qu’une succession de pièges quasi mortels, alors qu’une fois sur place, on se dit que ce n’était pas bien sorcier. Mais voilà, parfois les guides ont raison ! Ainsi, pour atteindre le magnifique petit port du Croisic, la description fait froid dans le dos. D’abord, il faut pouvoir poser à marée basse, ça c’est une routine pour notre voilier. Ensuite, on ne peut entrer que sous certaines conditions de vent. En arrivant dans le port, une fois de plus, tout nous paraît bien simple malgré les difficultés annoncées. C’est en ressortant que nous comprenons. Nous sommes dans un petit vent contre courant, rien de bien méchant. Pourtant, la mer est sérieusement agitée. En longeant la digue, le bateau part dans tous les sens. Je me dis qu’en cas de mauvais temps, cette passe doit vraiment être dangereuse. Nous retrouverons ce sentiment en d’autres endroits. Il suffit parfois d’un rien pour qu’une mer calme se transforme en furie.  

Cap au sud et petits soucis 

  

À la suite de ce rassemblement, nous décidons de continuer vers le sud, ceci afin de retrouver un lieu que nous aimons particulièrement : La Rochelle. Nous y retrouvons un ami du BBC à qui je demande quelques conseils pour l’entretien de mon moteur, car je suis particulièrement incompétent en mécanique. Il accepte volontiers, mais le cours s’arrête vite. Il découvre en effet que notre filtre décanteur de gasoil est plein de bactéries ! Il s’agit en fait de filaments qui se forment et bouchent tous les conduits. Ce problème est certainement apparu dès le début de la croisière et je mesure la chance que nous avons eue de ne pas avoir d’arrêt moteur (merci le filtre), notamment lorsque nous avons franchi le Raz de Sein. Les bactéries sont vite éliminées avec l’intervention d’un chantier au port des Minimes de La Rochelle, mais c’est alors que le moteur décide de caler. Le patron mécanicien arrive et repère un désamorçage de la pompe. Problème bénin, sauf que le moteur recale un peu plus loin. Le patron pique la mouche contre ce fichu diesel et me propose de sortir du port avec lui à bord, car il veut comprendre. Paf, le moteur recale, mais par fort courant de marée montante, devant le port et par un jour sans vent. Les voiles sont donc inutilisables. Nous jetons l’ancre pour ne pas nous offrir les rochers tout proches et demandons un petit remorquage jusqu’à un ponton à la capitainerie. Le mystère est enfin percé : une bête durite mal resserrée lors du remontage du réservoir ! Un petit coup de tournevis et tout rentre dans l’ordre. Il faut vraiment peu de chose pour arrêter le fier élan d’un glorieux équipage ! 

Rassemblement du BBC 

  

Le BBC, c’est le Breizh Biloup Club, qui une fois encore s’est associé à l’ANPLF (Association Nautique de Port La Forêt) pour un rassemblement qui, cette année, se déroule à l’île d’Yeu. Ni mon épouse ni moi-même ne sommes très « rassemblements organisés ». Ce sentiment de faire partie d’un troupeau n’est pas dans notre caractère. Pourtant, le fait de pouvoir aller chercher quelques idées d’aménagement sur d’autres Biloup nous parait une bonne idée. Nous allons découvrir des gens passionnants, pas du tout sectaires, qui nous feront vivre trois jours de bonheur sans jamais nous sentir enfermés dans un clan. Certains conseils, notamment pour la pose du chauffage que je dois encore effectuer, me seront très précieux. Comme quoi, faire partie d’un club de voile sans se prendre la tête, c’est possible ! 

Départ en fanfare et avec une certaine... inconscience! 

  

Pas de doute, il n’y a qu’un bon créneau pour franchir le Raz de Sein et il faut le saisir. 

Quand je dis « bon créneau », il faut nuancer : on est vent contre courant avec annonce d’un ciel maussade, mais c’est encore du gérable. Seulement voilà, le bateau n’a pas eu de navigation test, cette petite sortie de début de saison où l’on voit qu’on a oublié de régler plein de petits détails. Du coup, en montant les voiles, je m’aperçois que j’ai oublié de fixer les bosses de ris, que les bas haubans sont détendus et que nous n’avons que moyennement retrouvé nos réflexes de marin. Mais « Sorc'Henn » est bienveillant, nous passons le Raz sans trop de peine, malgré une mer agitée. La fin du trajet jusqu’à Audierne est pourtant pénible. Il pleut et il fait froid, tout cela dans un méchant courant contraire qui fait le voilier se traîne. Mais dès le pied-à-terre au port d’Audierne et devant une crêpe chaude, toutes ces difficultés s’effacent en quelques minutes et nous retrouvons ce plaisir d’appartenir au peuple de la mer. 

Où l'équipage y met du sien 

  

Pendant deux semaines, dès notre arrivée à Camaret, nous nous transformons en laborieux travailleurs. Nous allons au bateau comme le mineur va à sa mine, conscients que ce sera difficile, voire surhumain, mais qu’il s’agit là de notre destin et que nous en sommes fiers ! Poser un vaigrage est en effet un moment délicat dans la vie d’un marin, le pire étant d’arracher l’ancien qui souvent aimerait faire des heures supplémentaires. Pourtant, nous réussirons et c’est un bateau rutilant, dedans comme dehors (merci au chantier naval pour la réfection magnifique de la coque) qui sera mis à l’eau. Encore quelques finitions comme la pause d’un filet extérieur et le bateau est prêt à prendre la mer. 

Travaux de printemps 

 

Nous voilà déjà prêts à entamer notre deuxième saison.  

Cette fois, il est prévu de nous éloigner de notre port d’attache de Camaret pour nous balader en Bretagne et en Vendée. Mais pour l’instant, nous en sommes plutôt à organiser les différents travaux à effectuer à bord : polishage complet de la coque, réfection du moteur (pose de nouveaux silent-blocs), changement de la chaîne d’ancre, pose d’un panneau solaire, d’un chauffage, changement des vaigrages... Les factures défilent sur mon bureau, mais pas de panique, je suis toujours dans mon budget initial et cela devrait sérieusement se calmer dès l’année prochaine.  

"Sorc'Henn" fraîchement polishé, en attente des ses bandes de garniture